Les Viking suite….

    Plusieurs textes islandais, dont la saga des Groenlandais et celle d’Erik le Rouge, racontent la découverte par des Vikings de terres situées au-delà du Groenland. groenland-carte       Vers 986, un navigateur groenlandais (  Bjarni Herjolfsson ), dérouté par une tempête, aperçoit des terres et des forêts inconnues. Une vingtaine d’années plus tard, Leif, fils d’Erik le Rouge, entreprend une expédition pour vérifier le récit de Bjarni. Après plusieurs jours de navigation, il découvre de nouveaux territoires : un pays de montagnes et de glaciers qu’il nomme Helluland ( » pays des pierres plates  »), puis une côte dominée par un arrière-pays forestier, qu’il appelle Markland ( » pays des arbres  »), enfin, une terre agréable où les explorateurs pêchent des saumons et cueillent des grappes de raisins, le Vinland

    À partir du XIXe siècle, des érudits avancent l’hypothèse que ces navigateurs ont en fait suivi les rivages de l’Amérique. Les Vikings auraient donc mis le pied sur le   » Nouveau Continent  » environ cinq cents ans avant Christophe Colomb.
   Les sagas étant généralement considérées comme des sources littéraires peu fiables (comme nombre de contradictions entre la saga des Groenlandais et celle d’Erik le Rouge le montrent), des chercheurs tentent de trouver la preuve matérielle qui confirmera l’hypothèse. En 1898, une pierre runique est découverte à Kensington, aux États-Unis mais à ce jour, son authenticité n’est pas encore assurée. En 1930, un équipement guerrier typique d’un Viking est retrouvée à Beardmore en Ontario mais la découverte tourne au canular. L’hypothèse des Vikings comme premiers découvreurs de l’Amérique reprend de la valeur dans les années 1960 quand un couple d’archéologues norvégiens, Helge et Anne Stine Ingstad, révèlent les vestiges d’habitations vikings sur l’île de Terre-Neuve. Le site de l’Anse aux Meadows se compose de huit édifices distribués en trois complexes.        Les archéologues dégagèrent un atelier de menuiserie, une forge, un four et un fourneau. La datation des objets artisanaux recueillis  » colle  » avec la date de l’expédition de Leif. L’Anse aux Meadows devient célèbre dans le monde entier et s’affirme comme la preuve qui manquait aux scientifiques .

Navigation :

  Les Vikings ont parcouru pratiquement toutes les mers européennes et même au-delà. Ils ont remonté les fleuves et les rivières d’Europe occidentale et de Russie. Cetteexpansion n’aurait pas été possible sans la qualité des navires qu’ils construisaient ...Il n’existe pas un bateau-type scandinave. Son architecture variait selon la destination (commerce de cabotage, au long cours, guerre ou apparat) et évolua dans le temps. Cependant , quelques points communs se dégagent : La proue et la poupe sont relevées ; leur coque est construite » à clins  » (Sur les bateaux de bois, on dit que les bordages sont disposés à clin lorsqu’ils se recouvrent comme les ardoises d’un toit ) .     

     Depuis le VIIIe siècle, ils sont propulsés par le vent grâce à une voile rectangulaire en laine. Ce navire remonte très bien au vent. Ce qui n’empêche pas les bateaux d’être aussi équipés d’avirons. Les navires de guerre, comme celui de Gokstad, sont appelés langskip ou snekka. Le terme  » drakkar  » est un barbarisme erroné créé au XIXe siècle, inspiré du terme suédois moderne « drake » (dragon)  et non « dreki » en norrois ,auquel un double  » k  » a été ajouté pour en accentuer l’aspect exotique. Les Vikings ne désignaient pas ainsi leur embarcation !. 

Les archéologues reconnaissent l’excellente architecture des bateaux scandinaves.  La souplesse de la coque les étonne pariculièrement : Les membrures sont fixées au bordé et non à la quille  par des liens d’osier, des lacets de cuir ou, pour les modèles tardifs, par des chevilles. Résultat, le navire peut affronter la haute mer en se tordant face aux vagues. Outre la souplesse, les bateaux vikings sont reconnus pour leur légèreté. La coque fait quelques centimètres d’épaisseur.      De ce fait, le tirant d’eau est faible, donnant l’impression que le bateau glisse sur les flots. La vitesse pouvait dépasser les 10 nœuds (approximativement 18 km/h).

Le musée des bateaux vikings de Roskilde au Danemark présente quatre bateaux importants et l’utilisation de chacun :

Bateaux de guerre :
1)Snekke (Petit bateau long)
2)  Skeid (Grand bateau long – pour la haute mer)

Bateaux de commerce :
   1 )Byrding (bateau côtier) bateau cotier
   2 ) Knarr (navire de haute mer) bateau haute mer

Les Vikings semblent avoir connu la forme du globe terrestre ; mais l’expression orbis terrarum en latin ou heimskringla en vieux norrois peut aussi bien signifier une Terre en forme de disque plat et rond. Il nous reste  un document datant du XIIe siècle qui l’atteste : »  l’Elucidarium35,36,37  » ? ? .

    Ce savoir leur a permis de s’aventurer très loin en mer sans craindre de  »tomber dans l’abîme  » comme pourrait faire penser l’idée de monde plat. Le navigateur grec Pythéas a effectué vers 340-325 av. J.-C. un voyage dans les mers d’Europe du Nord et il aurait décrit la Scandinavie notamment l’île de Thulé située sur le cercle arctique qui pourrait être l’Islande ou la Norvège. Toutefois Pythéas est considéré par le grand géographe gréco-romain Strabon comme un affabulateur qui décrit des pays qu’il n’a jamais visités. Les savants grecs à cette époque avaient découvert et mesuré la forme sphérique du globe terrestre, leurs échanges avec les Scandinaves ont peut-être permis aux Vikings, plus tard de l’apprendre, à moins qu’ils ne l’aient imaginé par eux-mêmes.

Equipement : 

Le casque

Le casque était, semble – t – il , porté seulement par les hommes les plus riches, les » jarls  » , les rois etc. Il est à lunettes et comporte un front nasal pour le nez. Le casque à cornes n’a jamais été porté au combat par les Vikings, cette imagerie étant apparue au XIXe siècle. Les guerriers du commun avaient au mieux un simple bonnet en cuir, voire même  rien du tout !

Le bouclier :

    Le bouclier était lourd et difficilement manipulable. Principalement en bois le bouclier  laisse penser qu’il servait surtout à se protéger des projectiles, flèches ou pierres. Le bouclier a une forme ronde d’un diamètre variable entre 75 et 90 cm. La main du porteur est protégée par un  » umbo  » en acier 

Umbo de bouclier umbo
L’umbo (ou parfois en français ombon) est une pièce bombée ou conique en fer ou bronze se trouvant au milieu d’un bouclier, protégeant la main, permettant de détourner les traits frappant ce point, ou jouant parfois dans la mêlée le rôle d’une arme offensive. Il peut aussi avoir un rôle ornemental

. Il peut faire de 3 à 5 mm d’épaisseur, et environ 15 cm de diamètre. Le bord pouvait être laissé à nu ou être protégé par du cuir

Les vikings ….(1er  » jet  »)

     Les navigateurs vikingsbateau viking sont célèbres pour avoir parcouru les mers nordiques, découvert le Groënland et mis le pied en Amérique dès le Xe siècle. Sans connaître la boussole, ils sont parvenus à trouver leur chemin en haute mer, à des latitudes où le temps est souvent très couvert et le soleil faible et bas sur l’horizon. Pour expliquer cet exploit, les sagas nordiques mentionnent l’existence de  » pierres de soleil  » capables d’indiquer la direction du soleil, mais la nature exacte de ces pierres légendaires n’avait pas été déterminée.
Le spath d’Islande est une  » pierre de soleil » efficace
    En 2007, une équipe de chercheurs avait montré que, par temps couvert, la lumière d’un soleil bas sur l’horizon est polarisée, c’est-à-dire dotée d’une orientation invisible à l’œil nu par sa traversée de l’atmosphère. Une autre équipe a étudié un minéral bien particulier appelé spath d’Islande : c’est une variété transparente de calcite, qui réfracte la lumière différemment en fonction de sa polarisation. spath d'Island( image = spath )
   En s’appuyant sur des calculs théoriques aussi bien que sur des mesures directes avec les cristaux, les chercheurs ont démontré que la simple utilisation des propriétés de ce cristal permettait de déterminer la position du soleil à quelques degrés près dans des conditions crépusculaires, ce qui en fait un excellent candidat pour cette mystérieuse  » pierre de soleil  ».

     On a même retrouvé un cristal de calcite dans l’épave d’un navire anglais coulé au XVIe siècle, bien après l’invention de la boussole. On présume que les canons de ce bateau de guerre étaient assez gros pour perturber l’aiguille aimantée, d’où le recours à cette  » boussole optique  » naturelle.

Il y a environ 101 ans / Poulain SUITE :

    A Blois ,les débuts du jeune chocolatier furent très modestes. Dans la rue commerçante, on regardait avec curiosité ce jeune garçon inconnu qui embaumait tout le quartier d’effluves inédits, fabriquait la nuit, vendait le jour. Une jeune fille surtout venait le voir, Pauline Bagoulard qui, arrivée à Blois depuis seulement quatre mois, habitait quatre maisons plus loin chez ses cousins, les merciers Paret. Leur mariage fut célébré le 20 février 1848, à la veille de la révolution de Février. Victor-Auguste avait vingt-trois ans et Pauline, dix-sept.
   Le  » petit chocolatier  » avait enfin trouvé quelqu’un pour le soutenir dans sa passion et tenir sa boutique. La jeune mariée, reconnaissant son talent, l’encouragea tout de suite à produire un chocolat à son nom. Le jeune homme embaucha un  » homme de force  », Jacques Jouanneau de Villiersfins, de six ans son aîné. À eux deux, ils se mirent à fabriquer le chocolat à la main, à l’aide d’un simple équipement de fortune. Le matin, tirant une carriole à bras,  » notre  » chocolatier allait vendre à la criée, dans les rues de Blois, la production de la veille. Pauline le regardait partir depuis le seuil de la boutique, en lui souriant. Il était en train de lui faire le plus beau des cadeaux de mariage, en lançant le  » Chocolat Poulain ‘Poulain affiche

La concurrence était pourtant rude et il fallait avoir toute la détermination de V. A Poulain  pour croire en sa bonne fortune : Dans la seule ville de Blois, cinq confiseurs et plusieurs gros épiciers fabriquaient déjà leur chocolat, auxquels s’ajoutaient les dépôts en ville des premiers fabricants industriels. Menier, Ibled, Louit, Perron, Cuillier, Masson, Saintoin (implanté à Orléans), la Compagnie coloniale et la Compagnie française des thés et des chocolats fleurissaient régulièrement de leurs publicités la dernière page du journal local.

  Cependant , le chocolat ne se démocratisait que lentement et était encore largement considéré comme un produit de santé, voire comme un médicament. Les marques traditionnelles n’en proposaient que deux types et uniquement du  » chocolat à cuire  » : un chocolat noir à base de cacao et de sucre, appelé   » chocolat de santé  », et le même, adouci de vanille. La conception du chocolat par Victor-Auguste était à mille lieues de cette utilisation simplement pragmatique. Jean-Antoine Menieraffiche Menier lui-même, le plus important fabricant de l’époque, était à l’origine préparateur en pharmacie et avait débuté en concassant du chocolat pour le mêler à ses poudres médicinales. Jusqu’en 1867, son usine de Noisiel produira d’ailleurs encore trois fois plus de poudres médicamenteuses que de chocolat pur.

Notre  » breuvage des dieux  » était encore loin d’être considéré en France comme une gourmandise. Sa fabrication dispersée et incontrôlée suscitait également de nombreuses falsifications. On lui ajoutait couremment de l’ardoise pilée, de la terre brune ou de l’ocre, et même de l’avoine, des glands ou la coque de sa cabosse concassés !. Mais Victor-Auguste Poulain croyait aux vertus gustatives du chocolat et à l’alchimie d’un bon cacao et d’un sucre plus intimement mêlés.
   Il fit timidement son entrée dans la publicité par un modeste avis de neuf lignes, en juin 1850, dans le Journal de Loir-et-Cher : il fut le premier et le seul à annoncer la provenance des fèves, preuve de sa compétence et de sa recherche immédiate de qualité. Ses prix étaient serrés, et le petit chocolatier de Blois ne trompait pas sa clientèle, il utilisait le mélange de fèves qui fut considéré comme le meilleur tout au long du siècle : un tiers de » caraque pour deux tiers de maragnan  » . C’était encore, en 1885, la formule que préconisait Favre dans son Dictionnaire universel de cuisine et d’hygiène alimentaire :  » Maragnan : 1,5 kg ; Caracas : 500 g ; sucre :1,5 kg ; vanille : 3 gousses.  »

Poulain croyait en un chocolat  » sain et loyal  », accessible au plus grand nombre et s’efforça tout au long de sa vie de respecter cet idéal. Grâce à Pauline, qui vendit une des deux maisons qu’elle avait apportées en dot, il put acquérir la toute nouvelle machine Hermann destinée à broyer le chocolat, adaptée d’un ancien procédé de broyage des couleurs. Victor-Auguste put ainsi s’éloigner petit à petit des modèles traditionnels et développer de nouvelles créations.
   En 1852, il déposait un brevet pour une  » préparation de chocolat  » et déménageait quelques maisons plus haut. Il voulait agrandir son atelier de fabrication pour l’équiper d’une nouvelle broyeuse à vapeur, dont il fit la demande d’installation au préfet le 16 mai 1853. Il n’attendit pas sa réponse et fit tout de suite peindre sur sa façade : Poulain, breveté s.g.d.g., fabrique de chocolat perfectionné ; Entrepôt de vins fins et liqueurs ; Chocolat à la minute. Désormais, Victor-Auguste Poulain fait barrer des actes officiels sa qualité de  » confiseur  » et affirme sa profession de foi, il est chocolatier.
  Il lui fallut deux ans pour obtenir l’accord du préfet. Sa patience enfin récompensée, il installa son nouvel atelier, et dès l’arrivée de la bruyante machine, les badauds se pressèrent pour la voir fonctionner derrière la vitre. Il était grand temps ! Un de ses concurrents blésois, la Maison Bouyer et Benoist, annonçait à grand renfort de publicité depuis le mois de février une toute nouvelle machine mécanique à broyer le cacao. La mécanisation était un argument puissant auprès de la clientèle, et l’on commençait à condamner, au nom de l’hygiène et du progrès, le pétrissage manuel,  » si nuisible à la bonne qualité  ».

Victor-Auguste ( qui comprit très vite cet enjeu ) achètera désormais les machines les plus perfectionnées. L’héritage de Pauline fut vendu lot après lot, jusqu’au dernier.       Depuis 1854, le chocolatier louait le deuxième étage de sa propre maison. Tout argent était nécessaire, et les Poulain faisaient » feu de tout bois  ». La famille s’agrandissait : Augustine naquit le 16 décembre 1849, Albert, le 6 février 1851 et Eugénie, le 29 septembre 1855. L’entreprise aussi prenait son essor : un nouvel ouvrier était venu aider Victor-Auguste et le  » père Jacques  », puis, avec l’arrivée de la machine à vapeur en 1855, deux nouveaux ouvriers furent embauchés : Alexandre Tellier, âgé de trente-huit ans, et un neveu de Victor-Auguste, Jérôme Ouvray, âgé de dix-neuf ans. Le Chocolat Poulain remportait un franc succès, sans avoir recours à une publicité tapageuse mais seulement grâce aux bons échos du bouche à oreille. Mme Poulain en profita pour décorer petit à petit sa boutique.
   Au 10 rue Porte-Chartraine, la surface était plus importante qu’au 68 Grande-Rue, et Pauline composa autour des chocolats de son mari une véritable bonbonnière. Sa boutique n’était pas d’un luxe  » ostentatoire  » , mais quelques objets bien choisis dénotaient un goût sûr. De la rue, deux grands vases chinois posés sur des socles sculptés en bois d’ébène en imposaient aux chalands. Un grand miroir entouré d’un cadre doré renvoyait l’image de deux longs comptoirs en chêne, sur lesquels s’alignaient une profusion de bocaux en verre, de toutes tailles et de toutes formes, garnis de boules chamarrées. L’éclairage au gaz était diffusé par des lampes en albâtre sculpté. Sur la caisse, deux bouquets de fleurs garnissaient des vases anglais, et le vert du tapis en damas sur la table des emballages instaurait une atmosphère de confiance. Le plafond s’ornait de fleurs de lys et des colonnes en stuc encadraient les hauts corps des étagères, qui logeaient dans leurs niches seize grandes boîtes en tôle vernie contenant les thés.
   Car les Poulain vendaient thé, café, liqueurs, bonbons, gâteaux et chocolat : tout pour satisfaire les papilles curieuses des plus jeunes comme des plus âgés. . Des bocaux en verre et des coupes en cristal resplendissaient de mille couleurs sucrées : pralines roses et brunes, boules de gomme, bonbons de grains de café, papillotes assorties, croquignoles,  » pastilles galantes  »,  » bonbons-légumes superfins  », pastilles de menthe anglaise, pâte de guimauve, de jujube ou de réglisse, sucres d’orge, sucre de pomme, pipes et œufs en sucre, épines-vinettes ( baies rouges provenant de l’arbrisseau du même nom ) , dragées au nougat ou au chocolat, dragées numéro un, deux, trois et quatre, perles d’argent et dragées d’Italie…

   Une nouvelle » demoiselle de magasin  » , Estelle Bourdonneau, secondait Pauline. Elle se glissait avec légèreté entre toutes ces verreries délicates, soulevait les couvercles avec précaution, saisissait les sucreries désirées avec une  » main  » ou avec une pince en cuivre argenté, pesait les bonbons sur l’une des trois balances en cuivre et garnissait bonbonnières, boîtes cartonnées ou de charmants sacs dorés incrustés de dentelle, pendant que la cliente se chauffait près de la cheminée, assise sur une haute chaise d’inspiration gothique et sirotait un chocolat chaud posé sur la dentelle d’un guéridon d’acajou…
     Et tandis que la machine à vapeur  » hoquetait  » parfois, rappelant aux visiteurs le travail du cacao qui s’effectuait tout à côté, les bonnes de ces dames venaient chercher une course oubliée : sucre en poudre ou en morceaux cassés à la demande, tapioca et biscuits roses de Reims. À Noël, Pauline et Estelle emballaient dans du papier de soie les précieuses oranges tant convoitées par les enfants ou les théières, cafetières, chocolatières, fontaines à thé, pots à lait et sucriers en métal anglais  » provenant des deux meilleures fabriques d’Angleterre  » , proposés à des  » prix exceptionnels  » .
   Mais la maison restait surtout connue pour son chocolat. Trente-deux guéridons de verre et plusieurs étagères en glace présentaient ostensiblement, encadrées de sujets en chocolat moulé, les fabrications de Victor-Auguste : croquettes, bâtons de chocolat, petits napolitains, cigares en chocolat, chocolat ferrugineux, chocolat sans sucre, ainsi que les créations typiquement Poulain : Chocolat des Indes, Petit Déjeuner Universel, tablettes enveloppe chamois et enveloppe orange, sans oublier les bouchées de Victor-Auguste : Coquilles, Brésiliens, Solferino, Fondants, Chocolat pâte citron et sa toute dernière nouveauté, les Bouchées Impériales. Ces dernières firent des jaloux dans le quartier. Un concurrent en copia la forme et les vendit moins cher à quelques rues de là. Très en colère, V.A Poulain répliqua par voie officielle, dans le journal local du 10 décembre 1857 :

  Avis aux consommateurs
 » Contrefaçon »
     » La MAISON POULAIN, dont les chocolats ont acquis une si juste réputation, a récemment créé, sous le nom de Bouchées Impériales, un délicieux bonbon qui n’a pas tardé à exciter la concurrence d’un confiseur de Blois, qui, ne pouvant en égaler la qualité, s’est borné à en imiter la forme ; aussi n’est-il pas surprenant qu’il puisse le livrer, en raison de sa qualité inférieure, au-dessous du prix de 5 fr. le 1/2 kilo établi par la Maison Poulain, qui défie toute concurrence loyale de le livrer à meilleur marché, et qui engage instamment sa nombreuse clientèle à faire la comparaison des deux produits.

   » La MAISON POULAIN tient en réserve pour la fin de l’année un joli assortiment de Bonbons nouveaux, de son invention, que, pour éviter toute contrefaçon ultérieure, elle mettra en vente huit jours seulement avant le Jour de l’An.  »

Non content de développer en France la notion de chocolat-gourmandise, Il venait tout simplement, dans cette annonce, de poser les premiers jalons de la publicité comparative et de pratiquer une des techniques les plus modernes du marketing : la vente retardée.
     Mais Victor-Auguste Poulain voyait déjà plus loin. Alors que les marques nationales déjà installées proclamaient avec fierté  » usine hydraulique  »,  » usine modèle  » ou  » usine à vapeur  », il sentit la nécessité de passer à la vitesse supérieure. N’ayant pas alors les moyens d’investir dans sa propre usine, il eut la brillante idée de louer, en attendant, la puissance motrice d’une fonderie blésoise, installée route-basse de Paris, au Sanitas.            Cette usine traitait le fer, le cuivre et le bronze, mais aussi toutes constructions mécaniques et hydrauliques. Victor-Auguste loua une grange attenante et transporta là matières premières et ouvriers, tandis qu’il installait le pliage de ses tablettes dans l’arrière-boutique du magasin de détail.
    Il augmenta ainsi sa production et put commencer à fabriquer pour d’autres épiciers-chocolatiers. Il voulait faire  » bon et à bon marché  » et propager auprès d’une clientèle toujours plus nombreuse les merveilleuses sensations que procure un bon chocolat. Mais, surtout, il pouvait désormais ajouter sur sa publicité la mention  » usine au Sanitas  », à partir de la mi – décembre 1858, puis  » usine à vapeur à Blois  », à partir du 25 avril 1861, sans mentir mais sans avoir eu à investir dans une usine personnelle.
   Ce fut une période de dur labeur pour toute la famille Poulain. Pauline tenait la boutique, puis, après la fermeture du magasin, s’occupait du pliage des tablettes, de la tenue des comptes et de l’expédition. Victor-Auguste passait plusieurs nuits par semaine à surveiller la production du Sanitas. Beaucoup d’allées et venues étaient nécessaires à la fabrication des tablettes. Ces efforts furent bientôt récompensés : Victor-Auguste obtint en 1858 sa première médaille d’or à l’Exposition industrielle de Blois, et la force motrice de la fonderie devint bientôt insuffisante devant le nombre croissant des commandes!
Le chocolatier ne rêvait plus que de sa propre usine… Mais pour l’instant, il installait sa réputation en créant en permanence de nouveaux chocolats et affûtait ses méthodes commerciales. En décembre 1858, il organisa une loterie, formule alors très populaire auprès du public, et offrit une pendule à d’heureux gagnants. Deux ans après, il obtint une nouvelle médaille, à l’Exposition universelle de Besançon, pour sa  » spécialité de bonbons et de chocolats  », et créa à cette occasion un  » choix des plus variés en bonbons nouveaux  dont l’exquise qualité dépasse tout ce qui a été fait en France jusqu’à ce jour  ».

Il ouvrit pour Noël 1860, au 14 rue Porte-Chartraine, un  » magasin spécial d’oranges, de grenades, mandarines et autres fruits du Midi  », en précisant que  » la Maison Poulain tirant directement ses fruits d’Espagne et d’Afrique est en mesure d’offrir des qualités supérieures en même temps que des prix très avantageux  ». Le petit homme, admirateur de Napoléon, dont il avait un portrait dans son salon, partait à la conquête du pays et élaborait son plan de bataille. Dans son bureau, peu de livres : un Bottin de 1000 adresses, un dictionnaire géographique et une carte de France. Il poursuivait ses compositions de chocolat, qu’il classait sous des codes mystérieux, AA, A, AO, C, D, E…, créant ainsi son propre alphabet gourmand.Affiche Poulain Pierrot

En avril 1861, il affirmait dans le Journal de Loir-et-Cher :  » Un des meilleurs chocolats, c’est le Chocolat Poulain.  » Mais surtout il introduisait dans un pavé publicitaire la formule  » Goûtez et comparez avec les meilleures fabriques de France  » qui deviendra, à partir du 22 février 1863, le célèbre et percutant  » Goûtez et comparez  » , avec lequel sa marque communiquera pendant plus de cent ans !
     Entre-temps, Victor-Auguste avait réussi à acheter, début mars 1862, 8 ares de terrain près de la gare, à l’emplacement de l’ancien couvent des Capucins. C’était un des lieux de promenade préférés des Blésois. Cet ancien tumulus gaulois offrait un point de vue admirable sur la ville, la campagne environnante et les méandres de la Loire. Bientôt s’éleva sur la butte, non loin d’une chapelle de dévotion, une construction de modeste apparence : le premier atelier de dressage de la future usine Poulain, rapidement rejoint par une bâtisse de plus grande importance destinée à abriter de bruyantes machines : une machine à vapeur à balancier de la force de 14 chevaux, deux brûloirs à cacao, trois pileries mécaniques, six broyeuses à chocolat, deux mélangeurs Hermann, deux mélangeurs Debaptiste, trois moulins broyeurs Baurin, une boudineuse et quatre tapoteuses Debaptiste.
    La fabrication du Chocolat Poulain quitta alors la fonderie du Sanitas et s’installa définitivement dans les locaux de la Butte-aux-Capucins. L’usine Poulain venait de naître : Son patron  la baptisa  » usine de la Villette  ». Le chocolatier s’était fait plaisir et avait construit une usine aux champs. Un parc entourait les bâtiments, rythmé par plusieurs centaines de pots débordant de plantes et d’arbustes, équipé de cloches à melon, de bancs, de vases Médicis et de statues en terre cuite, et surtout d’un poulailler et d’une volière. Tourterelles et colombes blanches, petites perdrix grises et faisans dorés s’y ébrouaient, non loin des premiers battements sourds des pilons et des broyeuses portés vers la ville par les panaches blancs qui s’échappaient des cheminées. ? ! 
       Poulain venait de réaliser son rêve. Du haut de la butte, ce n’était plus le jeune enfant qui s’envolait mais les effluves de son chocolat. Désormais, pendant plus de cent ans, avant chaque ondée, l’odeur révélatrice envahira les rues de la cité blésoise.            Malheureusement un drame vint endeuiller cette ascension exceptionnelle : Pauline, qui avait participé avec tant  d’ardeur à la passion de son mari, n’eut pas le temps de voir leur rêve commun se réaliser. Elle mourut le 3 juillet 1864 des suites d’une  » foudroyante maladie. »
    Les campagnes des nouveaux produits étaient déjà lancées et la mort de Pauline ne pouvait les retarder : elle-même ne l’aurait pas souhaité. En décembre de la même année, commençait la première campagne publicitaire d’envergure du Chocolat Poulain.     Conscient que le chocolat à croquer était encore largement perçu comme un chocolat à cuire et désirant ne pas faire l’amalgame avec ses bouchées, Victor-Auguste conçut un chocolat spécialement destiné à cet usage et le nomma  » Déjeuner Universel  ».

Courant  1864 toujours, il améliora sa recette et présenta officiellement à l’automne son  » Déjeuner des Mandarins  ». Ce chocolat, mélange de fèves en provenance du Brésil, des Indes, de la Perse, de la Cochinchine, de Puerto Cabello et du Mexique, était toujours présenté comme un « trésor de la santé », mais s’y mêlait déjà la notion de  »déjeuner savoureux  »  et de produit transformable, dont on pouvait faire  » des crèmes pour entremets et pour soirées  ».

     Victor-Auguste ajoutait :  » Ce produit, bien qu’il soit de création toute récente, est déjà connu et apprécié dans une partie de la bonne société parisienne  ». Il venait en effet d’ouvrir une boutique à Paris, tenue par une caissière et une demoiselle de magasin, dans la rue même où François Pelletier, au début du siècle, avait installé la première fabrique mécanique à vapeur de chocolat devant laquelle le jeune commis épicier venait rêver.
    Fin 1866, Victor-Auguste annonçait les noms de ses nouveaux chocolats dans les colonnes des journaux. Il semblait multiplier ses créations comme s’il s’agissait de compenser la perte d’un être aimé en faisant connaître aux autres le bonheur de la gourmandise. Une Bouchée Orientale vint compléter la Bouchée Impériale, et de nouveaux Bonbons Eugénie et Bouchées de Florida furent mis en vedette,  » sans oublier non plus les délicieux pralinés, crèmes et autres bonbons en chocolat  ».
L’usine s’agrandit la même année d’un deuxième dressage, et 1867 vit le chocolatier  »trembler d’orgueil  » à deux reprises : il conduit à l’autel sa fille aînée, Augustine, le 25 juin, et reçut le 1er juillet une nouvelle médaille, à l’Exposition universelle de Paris, devant une assemblée de 20 000 spectateurs et en présence de l’empereur et de l’impératrice.!
   La guerre de 1870 éclata alors qu’il venait d’accéder au statut de notable. Devenu conseiller municipal, il assuma avec courage des responsabilités politiques à la tête de la ville, dont il fut le maire pendant quelques mois. Ses bravades provocatrices lui valurent même d’être emprisonné pour avoir tenu tête à l’ennemi. Après le conflit, il sera élu conseiller général du canton d’Herbault.

affiche Poulain 2

En 1871,V.A Poulain  put enfin  » asseoir  » sa notoriété en entamant la construction de son logis. Les plans en furent confiés à l’architecte Edmond-Gustave Poupard. Étaient-ce les souvenirs du château de son enfance, les Bordes, qui poursuivaient Victor-Auguste ou l’influence que la ville royale exerça sur l’architecte ? Étaient-ce la revanche d’une ascension sociale ou le désir de rester toujours solidaire de son métier qui l’animaient ?
    Sa demeure patronale fut positionnée au centre des ateliers de fabrication, tel un château au milieu de ses communs, entre une cour d’honneur et un parterre à la française s’ouvrant sur la Loire. Une grille ouvragée en clôturait l’accès, et l’usine tout entière fut conçue dans l’exigence d’une demeure châtelaine. Sur la façade du dernier bâtiment de production, un médaillon sculpté arborait comme un fier drapeau les armes nouvelles du chocolatier : une voile battante, symbolisant la navigation sur la Loire, et une branche de cacaoyer. Comme dans toutes les usines de confiserie de l’époque, les sols, couverts de grands carreaux blancs rehaussés de cabochons noirs, étaient traités avec un soin particulier de propreté et d’élégance.
   Après de longues années de labeur, le chocolatier était enfin arrivé à son but et délivra une sorte de profession de foi au dos de son tarif de 1878 :  » Pour livrer à la consommation, un chocolat véritable chocolat de santé, bon et à bon marché, la Maison Poulain n’a reculé devant aucun sacrifice. Vendre bon et bon marché, voilà le seul progrès de l’époque : quant à fabriquer de bons produits et les vendre très cher, où serait le mérite ?  »
   Poulain  s’installa dans ses nouveaux appartements en 1872, mais il pensait déjà à se retirer des affaires. En 1874, il se mit en société avec son fils Albert, qu’il avait pris soin d’envoyer au collège, lui qui n’avait jamais pu y accéder. En 1880, il lui abandonna définitivement les rênes, pour retrouver l’hiver le soleil dans une villa de Nice qu’il baptisa Denis-Papin en l’honneur d’un autre enfant du pays, auquel il devait tant : l’inventeur du moteur à vapeur.

Albert Poulain avait toutes les qualités pour succéder à son père : il était intelligent et fougueux, et durant les treize années où il fut seul à la tête de l’entreprise, celle-ci connut un essor mémorable. Il avait appris auprès de son père  l’importance des créations sans cesse renouvelées, de l’idée qui fait mouche. En 1878, à partir de l’Exposition universelle et des nouveaux procédés techniques de  » chromolithographie  », le  » chromo-réclame  »  devient en France le support privilégié de toute communication commerciale, et l’année suivante Victor-Auguste offrit des petites vignettes  » à nom Poulain  » dans son Déjeuner Universel, mais c’est Albert qui véritablement inaugura et propagea le chromo-réclame dans les tablettes de chocolat, dans certaines variétés à partir de 1881, puis dans toutes à partir de mars 1882.
   Avec la chicorée et le chocolat, ces petites images lithographiées entrèrent dans toutes les maisons de France et connurent un engouement sans précédent.                        Destinées originellement à l’adulte comme souvenir et supports d’événements particuliers de la vie d’une marque — soldes, déménagement, changements de prix, nouveautés, etc. —, elles attirèrent immédiatement les enfants. Leurs scènes récréatives décrivaient les tentations, les méfaits et les aventures de petits personnages drôles et naïfs, dont on pouvait suivre l’histoire si l’on reconstituait une série complète.
    De 1881 à 1912, Poulain diffusa près de 20 000 sujets différents, cartes, « découpis », chromos religieux, dentelles et chromos à systèmes confondus, dont le catalogue n’existe pas faute d’un inventaire exhaustif qui n’a encore pu être établi. En comparaison, le Bon Marché n’en diffusa que 178… En 1900, la chocolaterie Poulain produisit 350 000 chromos par jour et distribua donc près de 130 millions d’images par an… Par le biais des chromos, Albert touchait tous les foyers et il put conquérir ainsi un nouveau public, celui des enfants, et créa,( fait unique dans l’histoire d’une chocolaterie industrielle ), une imprimerie intégrée à l’usine, qui employait à elle seule 70 personnes.
    L’entreprise prospérant mais ayant besoin de capitaux neufs pour entreprendre une nouvelle extension, Albert Poulain changea le statut de la chocolaterie en société anonyme et ouvrit à son capital de nouveaux actionnaires en 1893. Victor-Auguste était heureux de l’évolution de son oeuvre, mais, gourmand invétéré, il se souciait surtout de l’envoi des colis de chocolats que l’usine lui adressait régulièrement. Bientôt, ses dirigeants voulurent rendre hommage à leur fondateur et firent ériger dans la cour d’honneur un buste en bronze à son effigie, qui fut inauguré en sa présence le 13 août 1904, jour également d’une remise des prix solennelle très attendue puisqu’elle récompensait un grand concours national d’écriture organisé par la chocolaterie.affiche Poulain 3

Le petit homme gagnait la postérité et son nom devenait un nom commun. En 1905, le dessinateur Cappiello fut sollicité pour réaliser une nouvelle affiche pour la marque ( ci- dessu ) .

      L’artiste, qui aimait particulièrement peindre les chevaux, proposa un petit cheval orange, jeune et taquin, se détachant avec des traits nets et tranchés sur un fond pour moitié vert, pour moitié bleu dur, avec dans le coin droit de l’image une petite fille en robe rouge. Bien que les deux personnages soient croqués de dos, une atmosphère joyeuse se dégageait du tableau. Cappiello venait d’inventer le petit poulain qui serait désormais le symbole de la marque pendant le XXe siècle. Victor-Auguste était devenu une icône.
   La Première Guerre mondiale allait bientôt prendre fin quand survint à Blois un terrible accident :  » Dimanche soir, vers dix heures et demie, dans le grand silence de la nuit paisible, retentit éperdument la sirène de la chocolaterie Poulain  », raconte un chroniqueur de La République de Loir-et-Cher, le 8 juillet 1918. Un incendie s’était propagé à partir du deuxième étage et avait ravagé toute l’usine de Beauséjour, aménagée en face de l’usine de la Villette, de l’autre côté de la rue. Huit jours après le début du sinistre, il brûlait encore, alimenté par les 38 000 kilos de beurre de cacao stocké dans ses caves.
     Victor-Auguste malheureusement présent à Blois à ce moment-là, assista, impuissant, à l’incendie de son usine. Il était âgé de 93 ans : le choc fut terrible. Il mourut quelques jours plus tard, le 30 juillet 1918.

 

Il y a environ 101 ans….

  Noir ou au lait ? Moi je le préfère noir  ! Quoi ? …………………Le chocolat ! lol

Le 30 Juillet 1918 décédait Auguste Poulain ….Ch .Auguste Poulain

   Il était né le le 11 février 1825 dans une petite ferme de Sologne  . Sa mère, Jeanne-Élise (  née Galloux ), le mit au monde un matin, à six heures : il était son dixième enfant ; sept seulement avaient jusque-là survécu.

    Son père, Bruno-François Poulain (patronyme que l’on écrivait Poulin jusqu’à la fin du XVIIIe siècle), exploitait  une ferme des Bordes dont sa famille louait la terre depuis 1775 au châtelain voisin. Les premiers pas du garçon  le menèrent donc naturellement aux champs. Comme tous les autres enfants de son âge, il fut chargé de mener  » pacager  »  les oies et, fier de cette responsabilité, les rappelait à l’ordre du bout d’une longue  »  dine  », deux fois plus grande que lui. oies enfant

     Comme sa   »constitution chétive » l’empêchait d’aider efficacement à la ferme, ses parents décidèrent de l’envoyer à l’école.!

     Il ne pouvait être question de lui faire franchir la grille de l’illustre collège de Pontlevoy qui formait depuis le XIe siècle, dans la prestigieuse abbaye bénédictine abbaye bénédictinesituée  au cœur du village, l’élite aristocratique puis bourgeoise de la France.       Comme Victor-Auguste le dira lui-même plus tard, il grandit  » à l’ombre du grand collège  », à l’ombre seulement, puisque ce fut la classe de Mme veuve Chiquet, située juste de l’autre côté de la place, qui l’accueillit. À l’âge de six ans, le petit Victor-Auguste, portant l’hiver sa » bûche sous le bras  » ? ! , partait à l’aube, parcourait à pied les 3 kilomètres qui le séparaient de Pontlevoy pour retrouver la pièce sombre, froide et enfumée, aux relents de crasse, de craie et d’encre, où la brave institutrice s’efforçait d’ inculquer à quelques enfants les rudiments scolaires. Là, il n’était pas question de prestigieux uniformes, de thèmes grecs ni de prosodie latine, mais de simples leçons de lecture, d’écriture et de calcul ressassées inlassablement … Jugea-t-on que le petit Victor-Auguste, inutile à la ferme, était une bouche de trop à nourrir, et que les maigres enseignements de Mme Chiquet, qui coûtaient 1 fr. 50 !  par mois à ses parents, étaient trop cher payés ?

      Toujours est-il qu’après seulement trois ans d’école, il mit son baluchon sur l’épaule un beau matin de 1834 et partit vers l’ouest, en direction de Tours. Grand-père, il racontait , parait il ,  encore à ses petits-enfants ce départ précipité, ne sachant plus s’il avait alors  »neuf ans et 10 sous en poche ou dix ans et 9 sous  »…      Sa mère semble être à l’origine de ce départ si on en juge le ressentiment qu’il lui garda toute sa vie: Il la dira morte et déclarera avoir été orphelin alors qu’elle ne décédera qu’en 1839.!!!

   Ses pas le menèrent jusqu’à Bléré, où Pierre Minier, épicier , avait besoin d’un commis et l’engagea. Victor-Auguste resta deux ans dans cette petite épicerie, à couler des chandelles, remplir des cornets et garnir les étagères, dans un climat familial bienveillant que peut-être il n’avait pas connu jusqu’alors, entre Monsieur et Madame Minier, leur fille Désirée et la bonne, Marie Gapiot.Puis, après un bref passage chez un autre épicier, à Blois,  il monta à Paris, une lettre de la comtesse de Ribeyreys en poche.  (La châtelaine des Bordes, qui, lorsqu’il était encore enfant, avait remarqué son intelligence et sa détermination, le recommanda à son épicier parisien, M. Leguerrier   .Après une journée  à bord de la patache  » la Pompe  » ( N.B :  » Patache  = Ancienne voiture hippomobile peu confortable ,vieux bateaux )  , ainsi que la somme de 20 fr. 25, (équivalant à plus de deux mois de salaire) ,il débarque dans la capitale .

    Victor-Auguste avait treize ans quand, encore chahuté par le voyage et les bruits inhabituels de la capitale, il se présenta  devant la splendide épicerie à l’enseigne  » Au Mortier d’argent  ». La boutique parisienne ne ressemblait évidemment pas du tout  à  la petite épicerie provinciale de Bléré. Là, la patronne  » trônait  » derrière une caisse richement ornée  ; M. Leguerrier servait ses clients en  » bas bleus et gilet rond  » , une casquette de loutre à ruban d’argent fixée sur la tête ; des commis en tablier bleu s’affairaient derrière un long comptoir, manipulant des pots en faïence, des bocaux remplis de pruneaux, cassant des pains de sucre et enfermant dans des sachets de papier de mystérieuses épices.

    Balzac , ( qui remettait sans cesse à plus tard le paiement de ses notes arriérées… !)  parlait ainsi de l’épicerie   :  » De sa boutique procède une triple production pour chaque besoin : thé, café, chocolat, la conclusion de tous les dangers réels ; la chandelle, l’huile et la bougie, sources de toute lumière ; le sel, le poivre et la muscade, qui composent la rhétorique de la cuisine ; le riz, le haricot et le macaroni, nécessaires à toute alimentation raisonnée ; le sucre, les sirops et la confiture, sans quoi la vie serait bien amère ; les fromages, les pruneaux et les mendiants, qui, selon Brillat-Savarin, donnent au dessert sa physionomie.  »

   Victor-Auguste Poulain servit-il l’ illustre écrivain ? Sûrement…

       Mais il était alors plus occupé par une nouvelle passion : il venait de découvrir un produit qui commençait à se répandre dans la capitale. M. Leguerrier, en effet, comme la plupart des grands épiciers de Paris, fabriquait son chocolat. Les jours de fermeture, le bruit du pilon se propageait jusque dans la rue. Le jeune Victor-Auguste, sous la verrière de l’arrière-boutique, avec un manœuvre qui lui montrait la technique, le fabriquait à la main contre une rétribution supplémentaire de 3 francs les 30 kilos, qui représentaient alors la production maximale d’une journée de travail de deux personnes.
    Le procédé de préparation était encore très archaïque, le chocolat étant principalement fabriqué manuellement jusqu’à la fin du siècle. Il fallait tout d’abord débarrasser de son enveloppe le cacao torréfié, l’étendre sur des claies pour le faire refroidir, trier les grains, les concasser et en expulser le germe.          

    Ensuite, on broyait le cacao et le sucre, et quelquefois la vanille, dans un mortier légèrement chaud. Des plaques de granit concaves, chauffées par un brasero, remplacèrent bientôt le simple mortier, et le modeste pilon devint un rouleau en granit suspendu au plafond, auquel on imprimait un mouvement de va-et-vient, invention du Français Buisson, qui permettait désormais aux ouvriers de se tenir debout. On découpait ensuite la pâte en boudins, que l’on descendait à la cave pour les faire refroidir. Ils étaient par la suite enveloppés dans du papier d’étain et conservés dans un lieu sec.
       Bien que la tâche soit difficile , l’adolescent fut aussitôt fasciné par ce nouveau produit. Pas la peine d’en chiper pour le goûter ! Ses vêtements étaient poudrés de cacao, imprégnés de l’odeur chaude, et si, quand il se léchait les mains, son palais découvrait l’amertume d’une pâte râpeuse garnie de grains de sucre cristallisé non encore homogénéisés, il baignait toute la journée dans ces envoûtants effluves de chocolat chaud. Il venait de découvrir sa vocation : il serait chocolatier !

Etant donné qu’il ne pouvait  compter sur un héritage  »conséquent  », il lui fallait à tout prix gagner de l’argent et l’économiser. Pendant huit ans, il reçut de l’épicier parisien un salaire de 30 francs par mois, puis 50 la dernière année, auxquels s’ajoutaient les 3 francs d’appoint de la fabrication hebdomadaire du chocolat.        V.Auguste  mit, chaque mois, près des deux tiers de ses revenus de côté. En plus, il confectionnait en cachette, après sa journée de travail, des pantoufles en tapisserie et se faisait engager certains soirs comme claqueur au théâtre de l’Ambigu. ( (les  » claqueurs  » =  personnes engagés pour soutenir ou faire choir une pièce par des manifestations bruyantes (applaudissements, rires, sifflets, huées, etc.). )

En 1845, le jugeant  » faible et de petite taille  » ainsi que de  » constitution douteuse  » , il échappa au service militaire . En 1847, il décida de quitter la capitale pour retourner dans son pays et ouvrir sa propre boutique : il avait vingt-deux ans et 1 800 francs d’économies en poche.

Il quitta Paris en mai 1847 et chercha une maison au centre de Blois. Un fond de commerce était à louer . Le jeune homme signa un bail de neuf ans et dès la fin  juin 1847 put se déclarer  » confiseur à Blois  ». La maison qu’il venait de louer se composait d’une boutique assez exiguë, prolongée par une grande salle ouvrant sur une cour par une porte vitrée à deux battants. Savait-il que cette maison, occupée depuis le Moyen Âge par une lignée d’horlogers, interrompue seulement par deux générations de pâtissiers-traiteurs, était la maison natale d’un autre enfant du pays, alors au faîte de sa gloire, Robert-Houdin ? Sûrement.Heureux hasard qui vit naître dans les mêmes murs le père de la magie moderne et les premiers chocolats voués à la gourmandise ?

SUITE  » PAGE  » SUIVANTE = =====================> lol

 

Pause Télé :


Nestor Burma est en premier lieu un personnage de roman, né en 1942 sous la plume de Léo Malet, il a été adapté à la télévision de 1991 à 2003, années pendant lesquelles le succès ne s’est jamais démenti.
   Léo Malet   n’était pas pleinement satisfait de l’adaptation de ses livres ; il l’était par contre du choix de Guy Marchand pour interpréter son détective. À un journaliste lui demandant s’il retrouvait Burma en Guy Marchand, il répondait :  »  Burma, oui. Le reste non. […] Marchand est sûrement le Burma le plus vrai que j’ai vu. Il a sa désinvolture  » et concluait :  » Même transformé, même déformé, c’est quand même Burma  ».
    Un bien bel hommage car il est très  rare qu’un écrivain parvienne à  » retrouver  » au cinéma son héros de papier.

Le petit sourire……..

Pour finir :

Une jeune fille se promène en forêt . Un crapaud sur son chemin lui crie :  » Je vous en prie , ne m’écrasez pas S.V.P , ne m’écrasez pas !  » 

 » Mais tu parles  » ? 

 » Oui , mais une sorcière m’a changé en crapaud . Avant, j’étais un musicien  . Si vous me faites un bisou , je redeviendrais normal  !  »

Aussitôt, la fille le ramasse et le met dans sa poche .

Etonné , le crapaud lui demande :  » Mais que faites – vous ? Vous ne m’embrassez pas ? 

 » Ben non , je gagnerais plus d’argent avec un crapaud qui parle qu’avec un musicien ….. »

 

 

Un jour……

  Je quitterai ce monde et ne reviendrais jamais. Ils pleureront quand ils verront ma photo sur leurs téléphones ( ou ailleurs ) . Certain(e)s se sentiront seuls , je vais leurs manquer : Ils n’entendront plus ma voix , mes rires parfois . Je ne serai plus là pour les faire rire parfois ,les énerver souvent et aussi  leurs demander pardon . Ils n’y croiront pas , mais je serais parti pour longtemps et à jamais . Alors , qu’ils profitent de ma stupidité, de ma folie de ma volonté d’être différent , a-normal , avant que je ne ferme les yeux à jamais , avant qu’il soit trop tard …..

 » être le benjamin  » et  » être l’aîné » ?

   Pourquoi dit-on  » être le benjamin  » ?
 La personne la plus jeune au sein d’un groupe est appelée le  »  benjamin  ». Cela est vrai au sein d’une famille dans une fratrie, mais pas uniquement. On peut aussi être le benjamin dans un groupe de retraités , il suffit  d’être le moins vieux !

    Si cette expression est apparue au XVIIIe siècle, son origine remonte à des temps bien plus anciens : 

    Dans la Genèse, au chapitre 37, on peut lire que Jacob a eu treize enfants, avec quatre femmes différentes. Or comme père, il avait une affection particulière pour le dernier né, qui se prénommait Benjamin.
   Benjamin était donc à la fois le plus jeune des fils de Jacob et son préféré.
Par la suite Benjamin dirigea l’une des douze tribus d’Israël, et ce prénom fut utilisé pour désigner l’enfant le plus jeune d’une famille, puis plus largement de tout groupe d’individus.

  Par contre , pour l’aîné ( ce que je suis ) , je n’ai trouvé que ceci :

  L’aîné est l’enfant de la famille né le premier.

    Entre deux personnes sans lien de fratrie, désigne le plus âgé. La place de l’aîné est particulièrement importante au sein de la fratrie. Le droit d’aînesse hier, mais aussi l’espoir que les parents portent sur lui encore font que l’aîné garde un sentiment de responsabilité sur ses cadet(te)s. Inconsciemment, la place de chacun des frères et sœurs au sein de la fratrie se trouve structurée selon le genre des plus jeunes ou des plus vieux ainsi que leur nombre. Les liens affectifs et moraux qui unissent une fratrie sont plus forts  lorsqu’il s’agit de jumeaux ou jumelles

11 évènements insolites qui seraient passés inaperçus ?

??????!

1) Le Pentagone aurait  un plan de lutte contre une apocalypse de zombies !!!!

2) En 2006, une femme aurait  » pèté  » dans un avion, pour couvrir l’odeur les passagers ont allumé des allumettes ? !, ce qui provoqua un atterrissage d’urgence.!!!

3)L’Iran aurait arrêté 14 écureuils pour espionnage en 2007.

4) Deux acteurs seraient morts en direct en jouant Judas dans des productions bibliques, ils ont été pendus accidentellement au cours de la scène de mise à mort.!!!!????

5 )   Lorsque Louis Pasteur a travaillé sur le vaccin contre la rage, si lui ou ses assistants étaient infectés, ils étaient exécutés d’une balle tirée dans la tête.!!!!!!!?????

6 ) En Iran, une loi de 2013 permet aux hommes de marier leurs filles adoptives de 13 ans et plus.

Iran jeunes filles

7) Il y a un restaurant avec pour thème les toilettes à Taiwan, où la nourriture est servie sur des toilettes miniatures.!

restaurant-toilettes

8 ) La plus grande famille du monde vit ensemble en Inde: un homme avec 39 femmes et 94 enfants.

grande famille du monde

9 )Gandhi n’a jamais gagné le Prix Nobel de la Paix, en dépit d’avoir été nominé cinq fois.Ghandi

10 ) La plus ancienne créature connue au monde était un mollusque, il était âgé de 507 ans, jusqu’à que des scientifiques le tuent par erreur.plus vieux mollusque au monde

11 )  Une partie de la Maison Blanche a été construite par des esclaves.? !

Maison Blanche esclaves

 

25 juillet 1794 ………..

Commentaires bloqués car que pour moi !

 

  Exécution des poètes André Chénier et Jean-Antoine Roucher

 

    André Chénier naquit  sous le ciel  » inspirateur de la Grèce  » pour la poésie  : on disait  qu’il puisa, dans  »le sein d’une Grecque  », son amour pour la  » Muse antique  ». On s’étonnait que ses chants, pleins de grâce et de langueur, de fraîcheur et de naïveté, antiques par la pensée, antiques par la forme, soient modulés dans une langue vulgaire. Ils parlent au cœur, ils sonnent à l’oreille, comme les écrits de Virgile entr’autres .

André Chénier (1762-1794) :
  Andre-Chenier

 

    Il mûrissait ses talents par la méditation, nourrissait ses facultés par l’étude, et préparait, dans une innocente et mystérieuse obscurité, son glorieux avenir…. Quand tout-à-coup les orages révolutionnaires vinrent troubler ses rêves d’espérance.  » Tous les nobles sentiments ayant place l’ âme d’un vrai poète  ».

  André applaudit et s’associa à la régénération du peuple ; lorsque la révolution fut devenue impure et sanglante, Chénier, dans une vertueuse et patriotique indignation, éleva sa jeune et brillante voix ; il chanta l’héroïque Corday, s’offrit à défendre Louis XVI, et tonna contre Robespierre et Collot-d’Herbois : Chénier fut alors  jeté dans les fers.
   En même temps et non loin de lui, mais dans une autre prison , son ami Jean-Antoine Roucher étudiait, insouciant et tranquille ; Roucher était un poète fier, hardi et passionné, surtout pour la poésie. Quelques pièces fugitives et son grand ouvrage des Mois, , fondent solidement sa réputation littéraire.

     Mais il fut encore plus philosophe et citoyen : l’époque où il vécut arrachait tout homme consciencieux à ses goûts, à ses plaisirs, pour l’asservir à ses devoirs. Roucher remplit courageusement les siens : comme Chénier, il salua avec transport notre  » glorieuse ère nouvelle  » ; comme Chénier, il s’éleva contre ses excès et ses crimes ; comme Chénier, il fut jeté dans les cachots : et là, tous deux, rendus ainsi à eux-mêmes, à la liberté, à leur amour de l’étude, oubliaient, dans leurs travaux, et la prison et les fers suspendus sur leur tête !

 Jean-Antoine Roucher (1745-1794)

Roucher
   Deux jours avant le 9 thermidor (27 juillet 1794) marquant la chute de Robespierre et la fin de la Terreur, Chénier monta, à huit heures du matin, sur la charrette des criminels. Dans ces instants où l’amitié n’est jamais plus vivement réclamée, où l’on sent le besoin d’épancher ce cœur qui va cesser de battre, le malheureux jeune homme (il avait 31 ans) ne pouvait ni rien recueillir, ni rien exprimer des affections qu’il laissait après lui. Peut-être il regardait avec un désespoir stérile ses pâles compagnons de mort : pas un qu’il connût ! A peine connaisait-il, dans les trente-huit victimes qui l’accompagnaient, les noms de Montalembert, de Montmorency, de Trenck et de ce généreux Loiserolles qui s’empressait de mourir pour sauver un fils. Mais aucun d’eux n’était dans le secret de son âme ; cet esprit qui entendait sa pensée, ce cœur parent du sien, comme a dit le poète, Chénier l’appelait peut-être et frémissait de son vœu…, quand tout-à-coup s’ouvrent les portes d’un cachot fermé depuis six mois, et l’on place à ses côtés, sur le premier banc du char fatal, son ami, son émule, le  »  peintre des Mois  », le brillant, l’infortuné Roucher.
Que de regrets ils exprimèrent l’un et l’autre !
   » Vous, disait Chénier, le plus irréprochable de nos citoyens, un père, un époux adoré ! c’est vous qu’on sacrifie !  »
   » Vous, répliquait Roucher, vous, vertueux jeune homme, on vous mène à la mort, brillant de génie et d’espérance  »
— Je n’ai rien fait pour la postérité, répondit Chénier ; puis, en se frappant le front, on l’entendit ajouter : Pourtant j’avais quelque chose là !
   C’était la muse, dit Chateaubriand, qui lui révélait son talent au moment de la mort. Arrivés au pied de l’échafaud, les deux poètes amis entonnèrent leur chant de mort… ; c’étaient quelques vers de Racine, la première scène d’Andromaque. Oui, disait Chénier…
Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle,
Ma fortune va prendre une face nouvelle,
Et déjà son courroux semble s’être adouci,
Depuis qu’elle a pris soin de nous rejoindre ici.

Un poême de A.Chénier :

Bel astre de Vénus

Bel astre de Vénus, de son front délicat
Puisque Diane encor voile le doux éclat,
Jusques à ce tilleul, au pied de la colline,
Prête à mes pas secrets ta lumière divine.
Je ne vais point tenter de nocturnes larcins,
Ni tendre aux voyageurs des pièges assassins.
J’aime : je vais trouver des ardeurs mutuelles,
Une nymphe adorée, et belle entre les belles,
Comme, parmi les feux que Diane conduit,
Brillent tes feux si purs, ornement de la nuit.